En effet, « il ne faut pas croire que ce qui se passe dans les noms se passe aussi dans les choses » : ce n’est pas parce que nous nous servons des noms à la place des choses qu’il y a une ressemblance complète entre les noms et les choses. Si une telle configuration se présentait malgré tout, ce ne serait plus nécessaire de le prendre en considération car, n’ayant « d’argument sur rien », il se désavouerait lui-même, en son expertise comme en son métier et finalement en son être parlant. Dans la ligne inaugurée par Parménide, Aristote considère que la caractéristique centrale de toutes les choses est qu’elles sont ; c’est celui-ci l’aspect le plus universel de tous les objets réels. C'est, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. De manière concise, Aristote répertorie tout ce son contradicteur est contraint de concéder dès lors qu’il a manifesté sa capacité de dire quelque chose à quelqu’un. En portant une attention plus précise au livre H (êta ; livre VIII) du traité, cet article invite à corriger cette vision de la philosophie première. Il suffisait donc de trouver la configuration la plus propice pour faire éclater, auprès de son négateur même, la vérité du principe de non-contradiction. �R�^w��. En outre, elle repose sur une prémisse qui, sans être nécessairement vraie, doit être soumise à l’approbation de l’interlocuteur, sans quoi l’entretien avec l’interlocuteur/contradicteur ne pourrait avoir lieu. Ce texte inaugural de la Métaphysique est l’un des plus connus et des plus difficile du corpus aristotélicien. Comment celui qui revendique l’appellation de sophiste pourrait-il le refuser ? Il faut dégager des concepts de base possédant une signification particulière et détenant une fonction précise dans le texte. La réfutation du négateur du principe de non-contradiction frappe par son économie de moyen. La composition, qui fait la vérité d’un jugement, ne relève pas du langage en lui-même, elle est un état de l’âme dont le début de De l’âme nous rappelait après Platon qu’il entretient un rapport de ressemblance avec les choses. Nous ne pouvons communiquer qu’en admettant la non contradiction car, ne pas donner un sens c’est ne pas donner de sens du tout. Certes, on peut trouver une formulation proche de cet énoncé chez Platon, dans la République15. Comment ne pas obtenir d’un sophiste qu’il dise au moins quelque chose, lui qui se prétend expert dans le maniement du dire ? Puisque sa force tient à ce qu’il impose son propre terrain, dès lors qu’un entretien s’engage avec le sophiste, il ne faut surtout pas viser les choses mêmes ou l’acribie du jugement. Le terme « métaphysique » n’est d’ailleurs jamais utilisé par Aristote, qui parle de « philosophie première ». Dans cet article, l'auteur s'interroge sur le sens du concept de «philosophie première» dans la Métaphysique d'Aristote. Nous reproduisons l'Introduction du traducteur, mais non pas la Bibliographie, devenue trop incomplète avec le passage des années. A nos yeux, Aristote parle d’ « arguments » et non pas de véritables assertions afin de bien distinguer l’objet de la réfutation d’une démonstration qui, supposant le principe à démontrer, tomberait dans la pétition de principe. L'auteur montre comment, via une série de réductions qui s'enchaînent, Aristote, parti de l'affirmation des multiples sens de l'être, y progresse jusqu'au seuil de la théologie envisagée comme le site de la réponse terminale au problème ontologique. Il faut qu’elle soit significative, et pour ce faire, il faut qu’elle ait un sens, que celui-ci soit relativement déterminé et distinct de la signification des autres termes. S’il ne parle pas ainsi que nous, s’il ne manifeste pas que ce qui agit en lui à titre de principe et de cause immanente relève bien du logos, il redescend de deux degrés dans la hiérarchie des âmes, devenant âme végétative, incapable même d’une voix. Lui pour qui le logos est « un grand tyran », tant il est vrai que « le discours ne manifeste pas l’objet extérieur, au contraire, c’est l’objet extérieur qui se révèle par le discours » (Traité du non-être), comment pourrait-il refuser de dire quelque chose ? D’autre part, il ne servirait à rien de recourir à l’évidence noétique face à un adversaire qui pourrait la récuser et objecter que la perception noétique de la véracité du principe se heurte à des jugements tout à fait autorisés comme ceux d’Héraclite (qui professait que la contradiction est la loi du monde) ou d’Empédocle (qui n’admettait pas de sujet commun aux quatre « racines » contraires du feu et de l’eau, de l’air et de la terre). Merci de votre aide Aristte,philosophe de l'antiquite,disciple de Platon a essayé de répondre aux questions suivantes; Quelle est la specificite de la philosophie? En réalité, dès le son vocal, énoncé ou écouté, la convention joue son rôle : ce n’est pas seulement à la qualité physique du son que l’on reconnaît le langage (le même mot peut être prononcé avec quantité de variantes acoustiques) mais au mot qu’il signifie. La Métaphysique constitue un des sommets de la philosophie de lAntiquité et eut une influence fondamentale sur toute la métaphysique et la philosophie postérieures. Face au contradicteur qu’il convoque, Aristote ne cherche pas à enseigner, à la manière d’un maître, que le même ne peut pas être et ne pas être en même temps et sous le même rapport. Cependant, le responsable en sera non celui qui cherche à démontrer, mais celui qui soutient l’argumentation car, en détruisant un argument, il soutient un argument qu’il détruit. Dès lors, comment admettre que l’acceptation du terrain linguistique soit le remède à l’inintelligence profonde du principe, d’autant qu’une seule demande est adressée à l’interlocuteur : qu’il parle ? La métaphysique d'Aristote Par Annick Jaulin . 15. Aristote, Métaphysique, Livre Gamma, 1006a [10-29] traduction M. -P. Duminil et A. Jaulin, éd. Le procédé n’est pas inédit. L’existence de tels négateurs du principe de non-contradiction témoigne de ce que la vérité et la nécessité de l’axiome ne s’imposent pas à tous. La stratégie pertinente consiste à retourner contre son adversaire la seule arme qu’il connait et utilise : celle du discours. tout le je dois faire le commentaire d´un extrait de l´oeuvre d´Aristote "La métaphysique A1".Texte :Tous les hommes, par nature, désirent savoir. La Métaphysique est un ensemble de 14 livres réunis non par Aristote lui-même, mais par le bibliothécaire Andronicos de Rhodes, après la mort de celui-ci. La finalité de l'explication de texte philosophique est donc dépourvue d'ambiguïté : il s'agit de dégager et d'expliciter les concepts fondamentaux du texte, commandant son mouvement et son organisation. Lorsqu’il s’agit d’établir la véridicité du principe de non-contradiction, deux stratégies semblent possibles. Au lieu de déployer à la manière de Platon une véritable traque le conduisant, comme dans le Sophiste, à accomplir un parricide et à modifier de fond en comble son ontologie pour déloger le sophiste, Aristote lui demande simplement de « signifier quelque chose ». D’une part, l’homme parle toujours en général tandis que les choses sont singulières, – ce qui permet précisément au sophiste de se réfugier dans l’équivoque de l’autre, non au niveau des grands genres (dont traitait le Sophiste de Platon), mais au niveau des homonymies (par exemple, le nom « chien » signifie à la fois l’animal aboyant et la constellation céleste). Quelle est alors cette prémisse qu’un contradicteur sophiste ne peut pas ne pas concéder ? Or, dans la pratique argumentative, la seule contrainte logique est de ne faire dépendre un énoncé que d’un autre préalablement admis. Nous ne saurons qu’indirectement, dans l’usage même de la communication, si ce consentement tacite est fondé. Dans cet extrait du livre gamma de Métaphysique, il procède de manière dialectique selon une méthode réfutative. En bref, la définition de la convention repose sur la régularité de l’usage. La finesse de cette défense réside précisément dans le caractère « minimaliste » de la prémisse dialectique et la richesse des conclusions qui en sont tirées. Aristote répond en s’efforçant d’apparier sa stratégie argumentative à un interlocuteur qui s’étonnerait du caractère indémontrable d’un principe prétendument si fécond. Ce texte ne se présente bien sûr pas comme un morceau d’éloquence dans lequel l’orateur tenterait de persuader le lecteur de la vérité de la non contradiction ; il n’est pas plus un discours démonstratif déployé sous la forme d’un syllogisme catégorique où la vérité de la conclusion serait tirée par implication de prémisses elles-mêmes vraies. Dire quelque chose, c’est toujours rendre partageable ce qui est senti ou pensé dans le cadre d’une parole adressée. de 1953) de J. Tricot (1893-1963) Éditions Les Échos du Maquis (ePub, PDF), v. : 1,0, janvier 2014. Le plus simple langage est articulé au sens où il atteste de la présence d’un logos au-delà d’une voix. En règle générale, la réfutation est un raisonnement consistant à renverser la conclusion de l’adversaire à partir d’un argument qui sape l’un des siens. » (Eloge d’Hélène). aux termes hommes d’art et hommes d’expérience. Or celle-ci, si elle veut se faire entendre « pour un autre » ne peut relever de l’arbitraire individuel. Pour la régularité de l’usage des signes, régularité nécessaire à la simple communication, il faut donc une imposition d’identité du signe à lui-même : Aristote a compris que le langage est un système de différence et que ces différences ne peuvent jouer que sur fonds d’identité, à savoir l’identité du signe à lui-même telle qu’une imposition de sens en donne la mesure. Le texte parle alors de ce que c'est de philosopher. J.-C. Commentez cette citation. Que tout se présente immédiatement de manière instable, que les contraires se succèdent, se conjuguent voire s’annulent, que les opinions soient versatiles et contradictoires, soit. ��8�RW78�h"|\�է�m����#����#���̪~�E�4�y���:++3+_Uյ�ɣ'��=m�~�{���x�kV�q��"�}��෧�XF K��hV�2����O��΀��tp�:�+�K�4pK˯�b�8a$��m���lo�רH�$�AO�&�'b8������=ىy��T���������.����R���7���K�� {���Z�����ѓ߰�W�'���q���N����tC'�E���"I��Ք�vJ�Ե�����6щ)oNԁ��2��_�,�K�t�_u�I��]"jӵ{"iy��|x�.UO��0JN#��O�������enG��s�h�u֢p� �Ŏ��Tė_!���O�Ab�j$cy�c��ir�? Le livre Z constitue la plaque tournante de la Métaphysique d'Aristote. L’entretien mettra donc aux prises deux intervenants qui sont en contradiction au sujet du principe de non-contradiction puisque l’un nie dans sa totalité ce que l’autre pose. A travers sa contradiction performative, il porte témoignage du principe, il est le véritable auteur de la réfutation. Il ne va pas, non plus, chercher à rivaliser avec son adversaire afin d’emporter l’adhésion au terme d’une joute dialectique à l’issue de laquelle le contradicteur serait mis en contradiction avec lui-même. Le discours en général n’est pas directement susceptible d’être vrai ou faux, seul celui qui divise et compose sous la forme de la proposition peut l’être (ainsi par exemple la prière est un discours, mais n’est pas une proposition). C’est pourquoi, loin de les écarter, Aristote fait fond sur des objections dont il ne minimise pas le danger puisqu’il ne cherche pas seulement à en enrayer la diffusion mais à en saper la possibilité. Une telle demande, faite avec la précision requise, suppose qu’Aristote distingue clairement entre l’ordre du discours et le niveau du jugement. En effet, l’interlocuteur n’est pas censé accorder autre chose que la visée de signifier quelque chose à quelqu’un, il ne lui est demandé rien d’autre que de communiquer un sens. Explication de texte: À une passante « Nous appelons Dieu un vivant éternel parfait; la vie et la durée continue et éternelle appartiennent donc à Dieu, car c'est cela même qui est Dieu. [Thèse] Il ... (qui est qualifiée de métaphysique [12]) nous permet d’accéder à ce qui est vrai, parfait, de toute éternité. Plus ou moins virulentes, de telles attaques vident de son contenu le concept même d’une science non démonstrative et elles fragilisent aussi la possibilité d’établir une science démonstrative. De ce point de vue, Aristote ne s’inscrit pas dans le sillage de son maître. Rappelons que signifier ne consiste pas à renvoyer du mot à la chose (ce qui supposerait l’adhérence immédiate de l’être à la parole) car le rapport de signification (sumbolon) est un rapport médiat et non naturel exigeant une intervention de l’esprit sous la forme d’une imposition de sens. Comme que ne manqueront pas de les répertorier les sceptiques dans leurs tropes, la pétition de principe est l’un des pièges logiques dans lesquels la raison est susceptible de tomber. Ainsi, demander à un contradicteur du premier principe de dire quelque chose revient à lui demander un minimum de coopération et à l’impliquer dans les conditions de la communication. Lisez ce Philosophie Commentaire de texte et plus de 247 000 autres dissertation. Dans sa confrontation avec le contradicteur, Aristote fait alors reposer l’argument décisif sur les conditions dans lesquelles les hommes peuvent s’entendre. Attention cependant à ne pas "saussissonner" le texte. La convention est certes une activité du sujet qui donne son accord, son consentement. Le logos, dans la mesure même où il permet de signifier quelque chose est si peu le lieu de la vérité, qu’il est plutôt, inversement, la condition pour qu’il y ait quelque chose de tel que l’illusion, – à savoir pour que l’on prenne une chose pour une autre. % The standard fonts dictionary 150000 corrigés de dissertation en philosophie. Ici, pour confondre l’adversaire, il suffira de montrer que l’énonciation qu’il voudrait transmettre, à savoir l’identité des contraires, s’appuie sur une autre qui lui est contraire, à savoir la contradiction des contraires. Selon Platon, deux sortes de débats contradictoires (on d’antilogies) sont envisageables : le premier, rhétorique, consiste à pratiquer la contradiction « en réunions publiques, en de longs discours devant des foules ; tandis que l’autre [dialectique], en réunions privées, coupant son discours en arguments brefs, contraint son contradicteur à se contredire lui-même » (Sophiste, 268 b). Explication par le texte. L'explication de ce texte d'Aristote nous a donc permis de comprendre, à travers l'analogie entre un relativisme explicable concernant les perceptions sensibles et un relativisme des opinions et des imaginations que celui-ci était tout aussi illégitime. Le responsable de la démonstration par réfutation est donc son contradicteur. C’est la raison pour laquelle, dans la pure immanence de la langue, les contraires sont complémentaires. La métaphysique d’Aristote I La méthode d’Aristote Aristote s’ouvre ici dans une démarche qui vise à soumettre l’ordres des causes qu’il expose à la critique, celle Cl consiste ? 11 novembre 201811 novembre 2018 phidalgoComments are off for this post. La différence entre énoncer et affirmer est ici capitale car elle concerne à la fois l’adresse du texte (un sophiste) et la manière d’éviter l’écueil de la pétition de principe (ne pas s’appuyer sur une prémisse non admise par l’adversaire). C’est pourquoi l’adresse du texte concerne bien moins Héraclite ou Empédocle que les sophistes Gorgias ou Protagoras. Aristote Métaphysique Traduction (éd. Pour que le discours se dépasse en quelque manière vers les choses, il faut un acte de l’esprit qui produit un jugement. La pétition de principe dans lequel sombrerait « celui qui cherche à faire une démonstration » consisterait à rattacher son argumentation au principe de non-contradiction, qu’il croirait évidemment valable mais à laquelle le contradicteur ne donnerait pas son assentiment. Méthode - Pour se faciliter le travail et se donner un cadre de travail rigoureux qui ne fasse pas l'impasse sur les passages difficiles, on peut recopier le texte phrase par phrase, pour ensuite l’expliquer. Songeons encore une fois à l’Eloge d’Hélène par Gorgias tour à tour coupable (selon la tradition) et innocente (par la force de son verbe). Aristote, extrait de Métaphysique. des douze livres de la Métaphysique d’Aristote rédigé par Thomas d’Aquin, veut être la transmission d’un relais, à l’heure où la pratique de la langue latine disparaît, même parmi les intellectuels. La bonne pratique du discours concerne alors le rapport entre deux « assertions » liées entre elles, à savoir celle que l’on veut transmettre et celle sur laquelle s’appuie la première : il ne faut pas que l’argument à transmettre s’appuie sur un autre qui le nie. Autrement dit, s’appuyant sur la dimension signifiante du discours et non pas sur sa dimension judicative ou sur sa portée ontologique, le Philosophe prend bien garde de ne pas ancrer le discours dans une prémisse logique ou ontologique étrangère ou contraire à son adversaire. Une énonciation, si elle veut se faire entendre dans le cadre d’une parole adressée, doit se démarquer du simple arbitraire du signe pour relever d’un conventionnalisme social sur lequel les sophistes eux-mêmes essayaient de d’exercer leur influence. J.-C. Commentez cette citation. » (Premiers analytiques, II, 16). Il ne se situe pas sur le terrain d’une logique de l’être qui donnerait à sa parole tout le poids de nécessité dont elle est capable. Il faut donc apprendre à distinguer ce qu’il est possible et nécessaire de démontrer et ce qui ne peut pas ou n’a pas à l’être. La prémisse dialectique porte sur l’intention de signifier quelque chose et non pas sur la prétention de saisir les choses dans leur unité ou de les ressaisir dans leur diversité. La vérité est inscrite dans un jugement catégorique porté sur les étants (et non dans le discours qui peut faire écran à ce dont il parle). Aristote ne demande pas à son interlocuteur de se prononcer sur ce qu’est tel ou tel étant en sorte que la proposition soit susceptible d’être reconnue vraie ou fausse. La démonstration par réfutation, elle, n’est pas une construction syllogistique qui débouche, à partir d’une définition essentielle, sur une conclusion établissant la vérité de ce qui est visée, elle consiste à examiner la proposition qui prétend nier le principe en question (qu’il s’agisse d’un principe particulier ou du principe des principes).